Abû Muhammad Ja'far ibn Muhammad Sâdiq

Il est réputé chez les cheikhs soufis pour la subtilité de ses paroles et sa connaissance des vérités spirituelles, et il a écrit des traités célèbres sur le soufisme. On rapporte qu'il disait : " Quiconque connaît Dieu se détourne de tout le reste. " Le mystique ('ârif) abandonne tout ce qui est autre que Dieu; il se sépare de toutes les choses terrestres, parce que sa connaissance (ma'rifa) est pure nescience (nakira), étant donné que la nescience est englobée dans sa connaissance, laquelle fait partie de sa nescience. Aussi le mystique  est-il loin des hommes ; il ne pense pas à eux ; il est uni à Dieu. Les autres n'ont pas de place dans son cœur quand même son attention serait attirée par eux, et leur existence n'a pas de valeur pour lui, quand même il attacherait son esprit à se souvenir d'eux.

Et l'on rapporte qu'il a dit : « Il n'y a pas de véritable pratique religieuse sans repentir, parce que Dieu a placé le repentir avant la pratique religieuse, et a dit : " Ceux qui reviennent à dieu " et " Ceux qui se livrent à des exercices de piété " (Coran, IX, 112).

Le repentir (tawba) est la première étape sur cette voie, et la pratique ('ibâdât) est la dernière. Quand Dieu a parlé de ceux qui désobéissent, Il les a appelés au repentir et a dit : " Revenez tous à Dieu " (Coran, XXIV, 31). Mais quand Il a parlé du Prophète, Il a fait allusion à son état de serviteur ('ubûdiyya) et a dit : " Et Il révéla à son Serviteur ce qu'il lui révéla " (Coran, LIII, 10). » 

J'ai lu dans les " Anecdotes " que Dawûd Tâ'î vint chez Ja'far Sâdiq et lui dit : « Ô,  descendant de l'Envoyé de Dieu, conseille-moi,  car mon esprit est obscurci. » Ja'far  répondit : « Ô Abû Sulaymân, tu es l'ascète de ton époque : quel besoin as-tu que je te donne un conseil ? » Il répondit : « Ô descendant du Prophète, ta famille est supérieure à toute l'humanité, et Il t'incombe de donner des conseils à tout le monde. - Ô Abû Sulaymân, s'écria Ja'far, je crains qu'à la Résurrection mon aïeul se saisira de moi, disant : " Pourquoi n'as-tu pas rempli l'obligation de suivre  nos traces ? " Ce n'est pas un problème qui dépende d'une parenté sûre et authentique, mais de la bonne conduite en présence de Dieu. » Dawûd Tâ'î se mit à pleurer et s'écria : « Ô Seigneur Dieu, si celui dont l'origine est la famille du Prophète, son aïeul le Prophète, et dont la mère est Fâtima, est troublé par la perplexité, qui suis-je pour être satisfait de mon comportement envers Dieu ? » Un jour, ja'far dit à ses serviteurs : « Allons, faisons le pacte que celui d'entre nous qui sera sauvé au Jour de la Résurrection intercédera pour tous les autres. » Ils dirent : « Ô descendant de l'Envoyé de Dieu, comment peux-tu avoir besoin de notre intercession puisque ton aïeul intercédera pour toute l'humanité ? » Ja'far répondit : « Mes actions sont telles que j'aurai honte de regarder mon grand-père en face au dernier Jour. » Voir ses propres fautes est une qualité de perfection, et elle caractérise ceux qui sont établis en la présence divine, qu'ils soient prophètes,  saints ou envoyés. Le Prophète a dit : « Quand Dieu souhaite du bien à un homme.  Il lui montre ses fautes. » Quiconque courbe la tête avec humilité, comme un serviteur, Dieu exaltera son état dans les deux mondes.

Si je voulais mentionner tous les membres de la famille du Prophète et leur noble conduite, ce livre et des dizaines d'autres ouvrages ne suffiraient pas pour contenir le dixième de ce qu'il conviendrait de dire. Pour les gens intelligents, qui sont capables de comprendre, ce que j'ai rapporté suffira.



12/02/2008
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